Cher êtres éphémères,
Oui, je n’ai jamais été doué pour écrire, pour vous écrire. Pardonnez d'ors et déjà ma maladresse.

Ferme les yeux un instant. Juste quelques minutes, quelques secondes, rien de plus. Tu fais peut-être parti de ces types qui dans ces moments là ne songent qu’à une chose : une vie. Une vie meilleure, une vie plus belle que celle qu’on leur a offerte. Oui, je te l’avoue moi aussi, un jour, j’ai songé à une vie meilleure. J’ai longtemps voulu renier cette putain de vie qu’on m’avait infligé dés ma naissance. Pourtant j’avais tout pour être heureux… des parents aimants, un frère ainé qui m’apprenais les quatre cent coups. J’avais tout, oui. Tout pour avoir une vie des plus heureuses, des plus banales dans mon milieu de gosses de riche. Pourtant la vie a fait que non. Non, je n’avais pas une vie dite anodine, normale, banale ou tout ce que vous voulez. Je dois te l’avouer, je dois vous l’avouer : j’aurais bien aimé avoir la vie d’un mec banal, être un chic type quoi. J’avais huit ans quand j’ai appris que j’allais être différent, différent des autres. Différent de vous tous. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait au début. Je n’étais qu’un enfant. Être humain doté d’une naïveté incalculable. Une leucémie, je pensais que ce n’était pas grave moi… je ne pensais pas que ce n’était pas si important que cela. Je me rappelais j’avais longuement songé que ceci était une farce de papa et maman pour que j’arrête de faire des sottises. Qu’est-ce qu’on peut être con quand on est gamin, sérieux !
Alors oui, j’ai grandi avec cette putain de Leucémie. Chose que je vous ai presque tous caché. Rare sont ceux qui le savait, rare sans ceux qui me connaissent à vrai dire. Pour la plupart, je suis Teagan, le gars mystérieux, le solitaire. Pour d’autres, je ne suis personne sûrement. Alors oui, je vis dans le secret, j’ai vécu dans le secret. Je veux juste qu’on ne s’apitoie pas sur mon sort, qu’on prenne pitié de ma petite personne. Ou pire encore, qu’on me considère pour un gars malade. Elvis me répétait tout le temps quand j’étais au collège : « tu n’es pas malade, tant que tu peux baiser ! ». Il n’avait pas tort, sincèrement. Enfin ce n’est pas pour autant que j’ai collectionné les nanas dans mon lit, bien au contraire. J’ai mis du temps à m’accepter. A m’accepter comme je suis. A accepter ma différence. Je ne suis pas comme vous, je ne suis pas comme eux… je suis moi. Moi, Teagan Lilian McFly. Je sais que je ne peux pas bâtir mon avenir. Je sais que demain peut-être, je ne serais plus de ce monde… Je m’étais promis un enterrement joyeux, alors par pitié, pas de noir. J’ai horreur du noir, j’ai toujours eu peur du noir. Apportez-moi cette lumière qui aura disparu, apportez-moi tout ce que vous voulez, mais s’il-vous-plait : pas de pleur. Ca ferait vraiment trop cliché.
Et voilà que cette chienne de vie (oh oui, quelle chienne cela) a décidé de m’emporter avec elle vers un nouveau monde. J’ignore tout. Alors j’offre mon dernier souffle à celle qui a longtemps été cette inconnue qui faisait battre mon cœur, celle qui m’a permis de m’accepter comme je suis ; j’offre mon âme morte à celle qui a réussi à me faire aimer la vie, à me faire aimer ma vie…

Teagan.