Littérature. C'est fou, c'est ce que j'ai le plus sur mon emploi du temps. Ah oui, quelle conne. Je fais des études de lettres aussi. Logique... Un matin comme les autres sur le campus de Yale. Chaleur déjà considérable au début des cours. Des étudiants qui se dépêchent pour ne pas arriver en retard. La course habituelle des matinées de Yale. Talons, mini-short en jean et tee-shirt noir orné du drapeau anglais (j'étais anglaise, après tout), je prenais part à l'éternel ballet du matin. J'avais littérature à l'aile Sud et forcément j'étais en retard.
J'arrivais à l'amphi juste avant que notre très cher professeur ne ferme la porte. Je lui adressais un sourire d'excuse enchanteur et montait rejoindre mon camarade préféré. Teagan McFly occupait notre place habituelle. Je me frayais un chemin jusqu'à lui, laissais tomber mon sac par terre et lui claquait la bise au coin des lèvres. J'avais inculqué cette pratique en France. Je la modifiais au grès de mes envies. Et Teagan en faisait en permanence les frais. Par plaisir, par jeu, par fantasme, par envie aussi. Il avait une copine et j'en étais parfaitement au courant. Ce qui ne changeait, en définitive, strictement rien pour moi. Après tout... game is on, non ?

Teagan n'était pas un mauvais garçon. Il était agréable, cultivé, musicien, plutôt mignon, avec de la conversation. ce qui en faisait, si l'on suivait la liste des critères pour le parfait petit ami, un candidat idéal. Bon, bien sur, cette liste différait sur quelques points celon les pays et autres, mais elle restait assez internationale et classait Teagan en bonne place presque partout dans le monde. Ce qui en faisait, de ce fait, un candidat idéal à être ma cible privilégiée. Atout supplémentaire, il avait une petite amie, ce qui le rendait divinement inaccessible et donc bien plus amusement. Ne vous méprenez pas. J'adorais jouer avec ce mec. Coucher avec ? Oui, pourquoi pas. Mais dans le genre "petit ami parfait" il était trop... parfait.
« Alors, ça va ? » Il avait un don pour cette politesse inutile en guise d'introduction. Je sortais deux/trois bricoles de mon sac avant de croiser mes jambes sous la table. Mon pied vint, légèrement, effleurer sa cheville, et je portais mon attention vers le professeur. « J'ai littérature avec mon camarade de classe préféré. Comment ne pas allez bien voyons ! » Mon délicat accent anglais contrastait avec son accent plus trainard américain. Je ponctuais ma phrase d'un sourire avant de me retourner légèrement vers lui, lui offrant mon sourire et mes yeux. j'avais pris soin de garder ma veste, tentant de ne pas le déconcentrer pour le moment. Si je lui offrais mon décolleté d'entrée de jeu, il allait être KO dès de début. Et ça n'était pas spécialement drôle. « Comment vas-tu ? » Interrogeais-je en retour. J'étais peut être une joueuse peu fair-play mais je laissais toujours du temps à ma victime pour qu'elle se pense en sécurité.

Le manque d'attention de Teagan m'énervait. Comme toujours, d'ailleurs. Je sortais mon ordinateur et lançait un traitement de texte. Beaucoup plus pratique que les feuilles pour prendre des notes. Et encore plus pratique en cas de cours magistral bien chiant. Oui, oui, j'étais une pro des jeux de cartes sur PC, à force de longues années d'études et de cours particulièrement agaçants.
Mais aujourd'hui, ma cible était Teagan, et son attention nette pour notre cours m'exaspérait légèrement. Mais puisque Monsieur voulait en arriver là, j'avais largement de quoi le passionner encore bien plus que notre cours de littérature. Croisant les jambes histoire de faire remonter ma jupe (oui, tous les coups sont permis), je pianotais quelques mots sur mon ordinateur avant d'enlever ma veste. C'est qu'il faisait chaud en amphi. Puisqu'il voulait jouer la carte de l'ignorance, j'allais jouer la provocation. Mais j'allais d'abord prendre un semblant de cours. Quand même. Si je recommençais l'année en zappant des cours entier, j'allais avoir du mal à la terminer. Détourner mon intêret de Teagan pour mieux lui accorder. Et ça, je savais le faire.
J'avais déjà pris un certain nombre de notes quand je me décidais à en revenir à Teagan. Trop naïf... Il ne le resterait pas bien longtemps. Je me penchais à nouveau pour prendre quelque chose dans mon sac et laissais, négligemment bien sur, mais main heurter sa cuisse. « Excuse moi. » En tout logique il allait baisser les yeux... maintenant. Et si ça ce n'était pas un louchage dans mon décolleté, je n'étais pas une british.