" Tu ne peux pas lutter contre ce que la nature t'as donné " c'était ce que ma mère me répétait souvent au lycée. J'étais au top, je veux dire... au plus haut de la hiérarchie lycéenne : capitaine des cheerleaders respectable et respectée, membre actif du conseil de la vie Lycéenne, plusieurs fois couronnée reine du ball, bref... en apparence, j'avais rien à redire je crois bien, même si on avait tendance à se dire que j'étais sans réel intérêt, une fille comme les autres..; ma mère me consolait en me disant que les filles comme moi pouvaient avoir tout ce qu'elles voulaient, et jusqu'à aujourd'hui, ça ne s'était pas révélé être complètement faux.

Née en février de l'année 1991 à Boston, je peux dire que j'ai eu pas mal de chance. Un père P.D-G, bureaucrate accompli qui vendait au monde entier sa marchandise importée d'Asie (ou plus récemment de Pologne), il voyageait très peu, détestant l'avion, il se contentait de faire l'aller-retour jusqu'à son bureau dans sa voiture aux vitres teintées noires conduite par un afro-américain au salaire d'une baby-sitter de 15 ans, les voyages, c'était ses associés qui s'en chargeaient, ou lui dans le pire des cas, dans des situations "extrêmes". Il aimait sa petite vie monotone, il me l'avait toujours dit, une fois montée en haut de l'échelle, il fallait arrêter d'être gourmand et se contenter de ce pour quoi on s'était battu, lui en l’occurrence c'était l'argent et la place la plus importante. Il aimait les responsabilités, il se sentait puissant, et pour cause... il l'était. J'avais toujours été impressionné par mon père, ses smokings noirs, ses belles chemises, les cravates et les boutonnières en or que lui achetait ma mère pour son anniversaire.. En fait, tous les deux semblaient apprécier cette vie là... C'était celle qu'ils avaient toujours voulu, et c'était celle qu'ils espéraient que j'aurais également, moi et mon frère Nash.

Ma mère était du genre pas très bavarde, elle se contentait de poser les questions qu'elle savait devoir poser " Alors chérie, c'était comment l'école ? " et lorsque par nécessité de discuter je lui déballai ma journée, elle hochait la tête, acquiesçai lentement " c'est très bien ma chérie. " je me suis souvent demandée si elle m'écoutait réellement mais je n'ai jamais réellement cherché à trouver la réponse, préférant continuer cette petite comédie qui au final était légèrement pathétique, voir tout à fait dramatique : la famille américaine parfaite. Mon cul.

Nash, mon frère, a vu le jour trois ans après moi. D'abord petit garçon adorable, il est devenu un adolescent adulé dans son lycée, roi de son équipe de football, dieu des jeunes filles... je le connaissais trop bien pour croire à toutes cette comédie qu'il jouait pour plaire à nos parents. En réalité, Nash était le premier à m'avoir ouvert les yeux sur notre situation. A l'âge de 11 ans, il se plaignait déjà que les choses soient trop simples, c'était une tête brûlée avide de sensation forte et de danger et mes parents compensaient devant les autres son désir de liberté en le faisant passer pour un adolescent rebelle et si aujourd'hui il joue le même jeu que moi au lycée, c'est bien évidemment pour continuer à bénéficier de tous les avantages de la vie que nous offrent nos parents. Et si je ne peux plus être présente à la maison tout le temps, je suis certaine qu'il cache un tas de chose et fait sans doute un tas de connerie.

Au fond, je l'envie un peu. J'ai eu pour ma part une adolescence et enfance tout ce qu'il y a de plus banal. Gamine dynamique et impliquée, j'avais rapidement, comme mes copines, commencé à pratiquer la danse, et au lycée j'avais été une cheerleader hors pair. Mais pas seulement. Les A+ fleurissaient dans mes bulletins de manière naturelle, j'étudiais comme il le fallait, pas trop pour préserver ma vie sociale, pas assez pour ne pas avoir le niveau qu'il me fallait pour rentrer dans l'une des meilleures universités des Etats Unis. Reine du Homecoming deux années de suite, reine du ball de fin d'année à ma sortie du lycée, tout semblait couler de source... c'était comme si mon chemin était déjà tracé et parfois il m'arrivait de me remettre en question.

En dernière année de lycée une fille m'a sorti qu'elle ne m'aimait pas, que je n'étais qu'une pimbêche écervelée... elle avait ajouté que je finirais comme ma mère, au bras d'un type blindé d'argent qui n'en voudrait qu'à mon corps, et que la seule façon que j'aurais pour obtenir quelque chose serait de passer sous le bureau et de faire ce que je savais faire le mieux. Je vous passe les détails.
Ca m'avait tué.
Je veux dire que ma mère n'était pas une de ces salopes qui passe sous le bureau, elle avait des diplômes et elle avait un travail, et certes, je savais qu'elle ne se foulait pas beaucoup et qu'elle préférait se reposer sur l'argent de mon père, mais de là à dire que je finirais comme elle...
Lorsque j'en avais parlé à ma mère, elle avait simplement vu ça comme de la méchanceté gratuite, de la jalousie de la part d'une fille qui n'avait rien alors que moi j'avais "tout", le physique... l'intelligence, etc... je n'en étais pas persuadée, je veux dire... personne ne peut "tout" avoir, ou pas à 17 ans en tout cas, je ne pense pas que l'on puisse naître en aillant "tout"... mais dans tous les cas, je me sentais pas mal incomprise... j'étais sous-estimée alors que je faisais mes preuves chaque jours en étant la meilleure... Quelque chose n'allait pas.

Je suis entrée à Yale pour étudier le droit et j'ai rejoint la fraternité Kappa Kappa Gamma, un choix que ma mère n'a pas réellement approuvé mais elle ne s'y est pas opposé. Personnellement, j'avais l'impression que les filles des Kappa me comprenaient.

elise/smartass - 18 ans - j'ai connu le forum grâce à athéna, dans un rêve, pendant les vacances ma présence sera forte ahaha - mon personnage est un personnage inventé - j'ai encore quelque chose à dire : vive les tortuuuueees ninja.